Quand « Albalad » enseigne l?ignorance : Une réponse à son Secrétaire de rédaction Mohamed Hassani. Que le Journal Albalad et son secrétaire de rédaction Mohamed Hassani se rassurent ! A Ngazi-Ngomé, nous ne trempons notre plume ni dans le miel ni dans le fiel. Nous sommes exigeants mais tolérants. Nous dénonçons la déchéance intellectuelle, la fourberie et le culte de la facilité pour des commodités matérielles.
Nous refusons avec vigueur et constance les travestissements des normes constitutionnelles.
Nous réfutons les interprétations constitutionnelles de circonstance pour convenances personnelles, et nous condamnons les collusions incestueuses qui encadrent et soutiennent une gouvernance d'Etat unitaire alors que la constitution de 2001 et même la loi référendaire du 17 mai 2009, initiée et voulue par le Président Sambi, imposent un Etat fédéral avec des entités fédérées que sont les îles qui jouissent légalement d'une autonomie politique, administrative et financière.
Nous refusons d'accepter que les pouvoirs constitutionnels reconnus aux îles soient confisqués illégalement, par caprice, au détriment de l'île autonome de Ngazidja. Nous disons tout simplement, calmement mais fermement, que notre pays ne mérite pas que la seule volonté d'un homme, fût-il le Chef de l'Etat, se substitue à la constitution. Que sa seule voix, son seul désir, écarte la constitution, les normes établies et que la norme qui régit le pays soit seulement sa volonté au jour le jour.
Alors, le comportement du Président de l'île autonome de Ngazidja n'est pas une posture ni une coquetterie. Il s'agit de convictions, de principes, de respect strict de l'architecture institutionnelle que s'est doté le pays. Parce que sans institutions crédibles et stables, sans normes et sans règles unanimement convenues et scrupuleusement respectées, il n'y aura jamais de stabilité, de cohésion nationale, de crédibilité pour le pays et donc d'investissements véritables pour espérer rompre avec la précarité et la misère. Le pays sera éternellement la victime de charlatans, d'escrocs de haut vol et de mafiosi divers qui ne s'épanouissent que dans l'opacité et dans le non-droit.
Voilà pourquoi les génuflexions, les courbettes, les flagorneries, les raccourcis erronés, les explications superficielles, les plaidoyers alambiqués et branlants de certains vecteurs d'opinion, de cadres, autour de la gouvernance arbitraire du Président Sambi nous irritent. Voilà pourquoi les interprétations de la loi référendaire qui insultent le droit et ternissent l'image de notre pays nous exaspèrent.
J'aurai aimé qu'Albalad entre dans le débat au lieu de l'occulter et de le tronquer par des affirmations fantaisistes et complaisantes et ainsi abuser l'opinion. J'aurai aimé qu'il se ressaisisse dans son élan légitime de soutien indéfectible au pouvoir Sambi et qu'il pense à sa responsabilité de média gratuit à large diffusion, dans ce pays si fragile à l'opinion versatile, dans ce pays où l'on aime, par paresse et par facilité, surfer sur l'écume des choses. Malaxer l'opinion et la conditionner par des contre-vérités est une honte. Banaliser l'arbitraire et pourchasser la vérité relève de la lâcheté. Le gain à court terme est peut-être réjouissant, mais malheureusement le temps a bonne mémoire et les pays ne meurent jamais.
Non ! Mohamed Hassani ! Vous n'avez pas raison, dix mois après vos pérégrinations politiciennes du mois de mars. Ne vous réjouissez pas ! Faites-vous une cure d'autocritique, s'il est encore possible. Vous avez toujours tort parce que votre analyse très sectaire et simpliste est juridiquement fausse. Votre conclusion, nourrie d'une certaine haine et d'un rejet perceptible du Président Mohamed Abdouloihabi, appuyée d'un désir de plaire à vos patrons, est indigeste parce qu'effilochée et sans ressort.
Je vous confirme qu'en droit, et vous pouvez vous référer à la Déclaration universelle des Droits de l'homme, « la loi ne dispose que pour l'avenir. Elle n'a point d'effet rétroactif. » Ce qui veut tout simplement dire qu'une loi édictée aujourd'hui, régie les situations en face d'elle et non celles qui sont derrière elle. Alors, Président ou Gouverneur ? La cause est entendue, malheureusement pour les juristes maison et les flagorneurs caméléons.
Le gouverneur sera élu en même temps que le prochain Chef de l'Etat. Les Présidents des îles ont été élus avant la loi référendaire. Ils termineront leur mandat ès qualité. C'est cela le droit que certains éprouvent beaucoup de peine à comprendre et à assimiler dans leur raisonnement au risque de paraître godillot et lèche-bottes.
Pourquoi Mohamed Hassani et Albalad d'ailleurs qui lui sert de support et lui ouvre ses colonnes, occultent la réalité et ne posent pas les vraies questions ? Dire avec jubilation et sourire narquois, dans Albalad n° 149 du 16-12-09 que « L'autorité de l'île est dissoute dans le néant sans laisser de traces. Personne ne sait ce qu'est devenu l'élu des Grands-comorien. Personne ne peut dire avec exactitude, aujourd'hui, ce qu'il fait ou ce qu'il est réellement. Si tout le monde sait que Mohamed Abdouloihabi dort au Palais de Mrodju, personne ne sait où se trouve son administration. M. Abdouloihabi est-il toujours roi dans son pays ? Est-il toujours le Président qu'il voulait et veut être ou le gouverneur de l'île, comme dispose la constitution en vigueur ?
Bien malin qui saura donner une réponse précise à ces quelques questions. » Tout ceci pour justifier que l'on a raison d'appeler le Président Abdouloihabi à la démission, relève d'une rigidité psychologique inquiétante et d'une obstination maladive.
Pour un esprit équilibré, le constat du secrétaire de la rédaction d'Albalad sonne comme une gifle au Président Sambi et un désaveu ou une dénonciation de sa politique d'étouffement et d'anéantissement de l'autorité de l'île de Ngazidja. Mais, bien évidemment, ce n'est pas ce que pense Mohamed Hassani. Pourquoi taire les raisons de l'affaiblissement du pouvoir de l'île et s'acharner sur la victime Mohamed Abdouloihabi ?
Pourquoi ne pas dire que le Président Sambi considère l'Etat comme « sa » chose et qu'il en dispose avec des méthodes autocratiques de gouvernance qui l'amènent à punir quiconque refuse ses oukases et veut se conformer à la constitution ? Pourquoi ne pas dire que l'île autonome de Ngazidja dispose de pouvoirs constitutionnels que le Président Sambi confisque illégalement ? Pourquoi ne pas rappeler que le Président Sambi n'est pas le juge de la constitutionnalité des lois et que dans un conflit d'interprétation de normes entre différentes institutions, il ne lui appartient pas de trancher et de sanctionner ? Pourquoi ne pas dire qu'il n'est pas au-dessus de la loi et que l'Union à elle seule n'est pas l'Etat ? Pourquoi ne pas faire remarquer que le Président Sambi viole même sa loi référendaire ?
Oui, on peut être partisan et soutenir une politique. Mais, faire l'éloge de l'arbitraire et s'acharner sur la victime, relève d?une indécence inouïe. Il est vrai que Mohamed Hassani, tout bonnement, harcelé d?accusations par les habitués de l'arbre à palabres de Gobadjou, a affirmé un jour de mars dernier que dans ses écrits, il défendait son pain. Mais, tout de même. Un peu de dignité et de décence !
Décidément, ce pays devient effrayant. On ne le reconnaît plus. Le savoir, l'intelligence, l'expérience, la dignité et l'honneur, semblent être partis en vacances, très loin d'ici. On constate une platitude et une vacuité des intellectuels devant le massacre du droit, devant la marginalisation de toute norme. Le secrétaire de la rédaction d'Albalad Mohamed Hassani prétend au fonds de lui-même, appartenir à la classe des intellectuels.
Alors, user d'un tel magistère pour ricaner quand une institution est écrasée, est une bêtise. Ces complicités et ces engagements, ces silences et ces indifférences autorisent tous les abus du pouvoir Sambi et font le lit de la dictature. Aujourd'hui, le pouvoir de l'Union s'en prend aux institutions. Elles sont atteintes. L'instabilité devient chronique. Demain, alors, à qui le tour ? Qu'adviendra des libertés publiques, de la sécurité de tout un chacun, de la cohésion nationale ?
On peut toujours rire sous cape, se moquer de l'Exécutif de l'île de Ngazidja torpillé, se gargariser de la puissance du pouvoir de l'Union qui s'abat sur le pouvoir de l'île, mais qui peut oser justifier la confiscation et l'appropriation des véhicules du gouvernement et de la Présidence de l'île par la fraction de la police, sous les ordres du Ministre de l'Intérieur de l'Union ? Qui peut dire pourquoi le bâtiment du Ministère de la sécurité intérieure de Ngazidja a été accaparé pour installer un Commissariat de Police de l'Union ? A l'époque, ironique, Albalad avait écrit que le Ministère de la sécurité intérieure de Ngazidja était sans domicile fixe.
Il n'a même pas daigné dénoncer l'illégalité de l'acte. Qui peut dire au nom de quoi, Dossar, Directeur de Cabinet du Président Sambi déloge par un arrêté appuyé par la force, le Ministère des Transports et du Tourisme de Ngazidja et cède le bâtiment de Mavingouni pour une période de sept ans, à des irakiens qui installent une université privée, sans se soucier aucunement du devenir des personnels et de leur outil de travail ? Pourquoi le pouvoir de l'île de Ngazidja est asphyxié financièrement, privé de téléphone, de moyens de fonctionnement, de salaires ? Pourquoi la police de l'île de Ngazidja a été arrachée et annexée de force à l'Union alors que la loi référendaire dispose que la police urbaine et rurale est une compétence de l'île ? Pourquoi et au nom de quoi des ministres et des personnalités de la présidence de l'île ont été arrêtés et emprisonnés ? Pourquoi le pouvoir Sambi concentre toutes ces agressions, toutes ces humiliations, toutes ces privations, tout ce mépris uniquement contre l'île de Ngazidja ? Pourquoi aucune institution, aucun média de l'Etat ne réagit à ces violations, à ces humiliations du pouvoir élu de Ngazidja malgré nos saisines et nos dénonciations ?
Toutes ces questions constituent l?ossature du débat qu?Albalad n?instruit pas. Elles sont l?émanation d?un pouvoir dictatorial qu?Albalad ne dénonce pas. Peut-on comprendre son silence ? Bien sûr ! Mais de grâce, qu?Albalad ne cède pas à la provocation et au mépris. Qu?il jubile pour ce qui arrive au pouvoir de l?île, il a le droit. Mais, jubilera-t-il pour longtemps ? Je doute fort. Ce qui arrive n?est pas un piétinement seulement du pouvoir de l?île mais une marche forcée sur toutes les institutions, sur les citoyens, sur les libertés pour imposer une seule voix, une seule vision, une pensée unique. Alors, faut-il démissionner devant l?adversité, devant l?arbitraire quand on n?est investi d?un mandat électif ? Faut-il laisser piétiner l?île et aller au garde à vous, se plier aux pratiques anti-constitutionnelles du Président Sambi ? Bien sûr que non ! Dans ce pays, certains ont une certaine dignité. Ils se respectent. Des élus respectent le mandat de leurs électeurs.
A Ngazi-Ngomé, nous n?irons pas à Canossa. Nous combattrons l?esprit munichois. Nous résisterons. Albalad et son secrétaire de rédaction peuvent continuer à encenser le Président Sambi et sa gouvernance néfaste pour la stabilité et l?unité du pays, il y aura toujours des mohicans pour dire qu?un pays est régi par des normes et que tout le monde doit s?y conformer.
Ah ! J?oubliais. Je voulais dire à Mohamed Hassani qu?il peut ne pas se torturer outre mesure. Mohamed Abdouloihabi « ne dort pas au Palais de Mrodjou » comme il l?affirme en ajoutant que tout le monde le sait. Il l?a rénové, la sorti des ruines, lui a donné de la splendeur. Il peut s?enorgueillir d?avoir réhabiliter un bien du patrimoine national. Il y fait des apparitions quelquefois, très rares d?ailleurs. Il se contente, modeste qu?il est, de la demeure de son épouse à Iconi. Je jure que tout le monde le sait.
Ambassadeur Ahamada HAMADI
Directeur de Cabinet du Président de l'Ile Autonome de Ngazidja